Bureau du préfet

Le préfet est le représentant de l'Etat dans la région francovare de Mézénas. Il assume les fonctions dévolu au chef de clan. Il est à la tête de l'exécutif et gère tous les aspects de la vie locale. Son bureau est un des hauts lieux de décision de la région.

Rayal Picaban arriva dans le bureau du préfet.
L'homme n'était pas peur fier d'arriver en puissant representant de l'Etat francovar dans cette région de la Francovie très spéciale pour lui forcément.



Il comptait bien marquer de son empreinte ces événements.
Il serra la main du préfet :

- "Monsieur le préfet, j'espère que ces satanés mézéniens ne vous empêche pas de dormir la nuit ?"

Montignac n'appréciait guère l'arrogance de Picaban qui arrivait en Mézénas comme un proconsul roman en province conquise. Et pourtant, simple préfet, administrant la région au nom de l'état francovare, il devait s'effacer face au Premier Gouverneur qui représentait le roi lui-même. Il devrait faire preuve de diplomatie.

- Excellence, soyez le bienvenu. "satanés !" comme vous y allez... la majorité des Mézéniens sont des citoyens francovares respectueux des lois. Une minorité agissante a effectivement donné beaucoup de fil à retordre à nos forces de police et de gendarmerie mobilisés sur le terrain les nuits de mardi et de mercredi. La mobilisation rapide de forces de police et de gendarmerie dans la journée de mercredi venues en renforts de Micropolia, accompagnée d'une redéfinition de notre stratégie de maintien de l'ordre, laissant aux commandants d'unité davantage de liberté d'action sur le terrain, a permis une rapide reprise en main de la situation. Hier en journée et aujourd'hui nous ne déplorons aucun incident.

Picaban analysa les documents qu'on lui donnait.
Effectivement la situation s'était paradoxalement calmée malgré la sortie confirmée de la Francovie de la Ligue.
Les actions du Préfet n'y étaient pas pour rien mais cela n’empêcha pas Picaban de lui donner la leçon :

- "Vous etes un peu trop naif et gentil avec ces criminels. Vous ne devriez pas autoriser ces manifestations. Cela leur donne l'impression qu'ils pourront aller plus loin. 
Vous devriez même arrêter les leaders et les considérer comme des otages envers ceux qui voudraient défier la Francovie."

Montignac masqua son exaspération. Il répondit toujours avec diplomatie :

- Votre Excellence, sauf le respect que je lui dois, nous sommes en Francovie et pas en pays conquis : faire des otages serait particulièrement malvenu et contraire à la loi. La liberté de manifester est garantie par l'article 4 de notre constitution. J'ai à charge de l'encadrer pour éviter les troubles à l'ordre public et permettre la sécurité des manifestants. Il ne m'appartient pas de leur ôter ce droit.

Rayal Picaban s'impatientait :

- "On ne doit pas autoriser des manifestations de criminel. Tout état de droit accepte cela.
Il ..."

Il s'arreta, on venait lui apprendre la nouvelle du discours du ministre mézéne.

- "Ah vous voyez ! Vous etes gentil avec eux et voila qu'il y a de l'ingérence étrangère !"

- Excellence, je défends le droit à manifester de ces gens, en faisant cela je défends nos valeurs communes : celles de la démocratie.

L'ingérence dont vous parlez est du ressort des affaires étrangères. Que l'on me donne un ordre d'expulsion, et je n'hésiterai pas à l'appliquer. Mes services font remonter l'information au gouvernement. J'attends l'aval du MAED pour l'expulsion du ministre. Sans cela, je ne peux rien faire, sauf à déclencher un incident diplomatique.

Excellence, croyez-moi ces indépendantistes ne sont qu'une minorité agissante. Avec mes équipes et les élus locaux mézéniens, nous avons travaillé à la rédaction d'un texte constitutionnel qui fera de Mézénas un clan et une région autonome. La classe politique politique mézénienne nous soutient. Que Votre Excellence me croit sur parole,  notre pays n'a rien à craindre de ces indépendantistes sauf à en faire des martyrs... Ce que vous ferez si vous faites réprimer cette manifestation sur le motif de leurs idées.

Rayal Picaban n'appréciait pas ce projet de relancer le Clan de Mézénas. Il ne pouvait pas s'y opposer car cela rentrait dans les desseins de Romain VIII mais il ferait tout en sorte pour faire capoter l'initiative du préfet :

- "Ce projet de Clan... je crois que ce n'est pas le moment. Vous devriez suspendre le projet le temps que la situation se calme ... si elle se calme. Les mézéniens ne sont pas encore pret. Ils doivent rester en territoire non incorporé."

- Excellence, je crois au contraire que c'est le seul moyen de résoudre cette crise. Les Mézéniens ne peuvent être privé plus longtemps du droit d'avoir un clan... Je crois qu'il faut un texte capable d'apporter des garantis au deux partis : une intégration dans la communauté francovare pour le pouvoir central, un clan et une large autonomie pour les indépendantistes.  Je propose donc une situation intermédiaire : celle d'un exécutif bicéphal composé d'un préfet, nommé par le pouvoir central après consultation du gouvernement local, assumant les fonctions de chef de clan, et d'un chef de gouvernement local investi par une assemblée élue au suffrage universel, second membre du conseil des sages pour Mézénas. L'Etat conserverait les prérogatives de sécurité et de justice. Les autres prérogatives, elles seraient exclusives ou partagées. Ce projet à l'aval des élus locaux, il ne lui reste qu'à être présenté au suffrage des mézéniens lors d'un référendum local et à Sa Majesté dont vous n'ignorez pas qu'elle est favorable à la reconstitution du clan de Mézénas.

Picaban entendait les cris en faveurs du préfet.
Beaucoup y voyaient les résultats positifs de la politique préfectorale mais Picaban lui y voyait plutôt une forme de traîtrise et de danger. 

- "On se demande bien pourquoi vous soutenez un tel projet ..."

Il renifla plutôt grossièrement.

- "J'ose croire que vous serez gérer parfaitement cette situation car sinon c'est vous qui le payerez Montignac !"


Le Premier Gouverneur se leva.
Il sortit sans saluer le préfet.
Il préféra quitter la préfecture par une sortie dérobée pour éviter les manifestants.

Le préfet soulagé du départ de Picaban avait désormais les mains libre pour étudier avec les manifestants une sortie de crise. Il reçut Bogendorfer et la délégation mézénienne avec cordialité. Le préfet salua chacun d'entre eux.

- Messieurs, je vous en pris prenons place. Je vous présente M. Alain Carrière, secrétaire général de la préfecture et sous-préfet de l'arrondissement de Bourg-Mézénas, qui m'assiste au quotidien. Il sera présent avec moi.

Le préfet indiqua la table de réunion dressé dans son bureau.

- Des cafés ?

Il appela son assistante lui demandant de bien vouloir préparer cinq café. C'était le prélude à toute discussion : détendre l'ambiance. L'ancien militaire n'en était pas moins efficace

- Messieurs, je vous remercie tout d'abord d'avoir accepté mon invitation. Je vous présente le secrétaire général de la préfecture Notre présence autour de cette table à deux buts : 1) me permettre d'entendre vos revendications afin de les remonter au gouvernement de Micropolia 2) étudier les possibilités de sortie de crise.

Il s'interrompit, avala une gorgée de café. Dans un premier temps peut-être pouvez-vous vous présenter et proposer s'il y a lieu d'autres points, puis débuter par le premier point.

Le préfet sortit bloc note et son stylo plume.

- Commençons, je vous prie.

Émile Bogendorfer : Monsieur Montignac, je vous remercie pour votre invitation. Je ne voudrais pas paraitre manquer de modestie, mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je me présente.

D'aussi loin que je me souvienne, il y a toujours eu de grandes différences et je dirais même, une incompatibilité, entre la région de Mézénas et le reste de la Francovie. Je ne veux pas dire par là que les Mézéniens seraient meilleurs ou moins bons que les Francovars, je dis juste que sur de nombreux points, nous ne voyons pas les choses de la même façon.

Il y a quelques années de cela, Mézénas a déjà connu une montée de l'indépendantisme, certains ont dit que c'était à cause de l'instabilité des institutions francovares, qui changeaient constamment, d'autres ont dit que c'était à cause du refus par les dirigeants du pays de mettre en place la grille de Schweinwald, un outil de calcul économique dont je vous épargnerai le fonctionnement. À l'époque, cet indépendantisme a été balayé du revers de la main et cela a provoqué un exil de plusieurs milliers de Mézéniens qui ont fondé, comme vous le savez, une micronation qui est devenue plus tard les États Fédérés de Mézénas.

Aujourd'hui, c'est la politique étrangère de la Francovie et ses conséquences qui sont à l'origine de ce regain de l'indépendantisme. Les opérations menées au Bangana voisin, l'adhésion de la Francovie à la Grande Alliance, toutes ces choses ont conduit les pays de la LEM à exclure la Francovie de l'organisation et ici, à Mézénas, cette exclusion est vécue comme une tragédie.

Nous pensons que la Francovie a énormément perdu en étant exclue de la LEM, et donc, ce que nous voulons est extrêmement simple : nous voulons l'indépendance. Et cette fois, nous ne nous laisserons pas faire, nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout !

Vous avez parlé de sortie de crise, Monsieur le Préfet. Il n'y aura de sortie de crise que lorsque Mézénas aura obtenu son indépendance !

Hubert de Montignac écouta attentivement son interlocuteur. Il eut un instant de réflexion puis pris la parole. Il trancha dans le vif du sujet :

- Monsieur, je suis le réprésentant de l'Etat francovare, ma mission est claire : le Mézénas est Francovare. Cela, le Mézénien de patrie et le serviteur de l'Etat que je suis en est intimement convaincu. Je ne vous ferai donc pas perdre de temps. Le Mézénas comme partie intégrante du territoire francovare n'est pas négociable. L'autodétermination n'est pas une option.

J'entends vos inquiétudes : la sortie de notre pays de la LEM, la guerre au Bangana, l'adhésion à la Grande Alliance. Je les remonterai au gouvernement, sans pouvoir agir car ma compétence se limite aux frontières régionales, et la politique étrangère n'est guère de mon ressort. En revanche, les Mézéniens, restaurés comme clan à part entière, avec un gouvernement régional restauré, pourrant agir dans le cadre constitutionnel francovare et infléchir la politique étrangère du pays.

La discussion que je vous propose porte donc  sur la place de Mézénas dans la Francovie. C'est là la seule chose qu'il nous est possible de débattre. Ma mission est claire : rétablir Mézénas comme clan de Francovie. A l'heure actuelle une constitution régionale est encore en élaboration, fruit d'une collaboration entre mes services et les élus locaux. Elle sera soumise à référendum locale. Ceux d'entre vous qui accepte le principe d'un Mézénas francovar, sont les bienvenus au débat. Dans le cas contraire, je ne vous empêcherai pas de vous exprimer, de militer, de manifester. Mieux, j'y veillerai, car je suis le garant des principes constitutionnelles de notre démocratie, mais le mouvement indépendantiste se privera de l'occasion unique d'influer sur le futur des institutions mézéniennes.

Le texte que je vous propose repose sur des principes simples :
- approbation par référendum locale et par le roi avant son entrée en vigueur.
- un exécutif bicéphal : un préfet un nommé par le roi après consultation du gouvernement régional, agissant en chef de clan, au dessus des parties, garant de la constitution francovare et de la constitution régional. un président du conseil exécutif élu par une assemblée représentant la population mézénienne. Les deux exécutifs occupant chacun les deux places revenant aux Mézéniens au Conseil des Sages.
- un monocamérisme fonctionnant sur le mode parlementaire : une assemblée régionale capable de renverser le conseil exécutif, le gouvernement régional.
- un conseil exécutif responsable devant l'assemblée régionale.
- des compétences partagées : toutes à l'exception de la diplomatie, de l'émission monétaire, de la sécurité et de la justice qui restent exclusive pour l'Etat francovare.

Ce texte n'est pas encore figé, il peut-être amendé, discuter et annoncer le retour de Mézénas sur la scène politique francovare. Le débat est ouvert êtes-vous de la partie ?

Émile Bogendorfer : Monsieur Montignac, si l'auto-détermination n'est pas une option, alors il est inutile de poursuivre. (il se lève et ceux qui l'accompagnent en font autant). Je regrette mais cet entretien est terminé, je vous remercie pour votre invitation.

Faites donc remonter l'information : nous voulons l'indépendance et nous ferons tout pour l'obtenir !

Montignac regretta la position de Bogendorfer. Il ne pouvait cependant promettre ce qu'il n'avait pas :
- Fort bien Monsieur, croyez que je regrette votre position. Elle vous appartient... Je vous raccompagne. Sachez que ma porte vous sera toujours ouverte, et que la participation au processus de restauration clanique vous est toujours ouverte.

Hubert retrouva avec émotion le bureau qu'il avait laissé il y a quelques années. Représenter l'Etat transforme un homme à jamais. Sa carrière de la préfectorale l'avait marqué à tout jamais. Il était heureux de la reprendre. Croyant, il se disait qu'il était là où Sevan l'attendait, serviteur inutile de sa volonté. Incarné l'Etat n'était pas simple. Aussi s'était-il mis en réserve du parti dont il était le président, laissant à un délégué général le soin d'assumer les affaires courantes. Bien sûr, il n'abandonnait pas son mandat de député, mais ici, il était le Préfet.

Parmi les premiers dossiers urgent, il eut à gérer la visite du Roi en Mézénas en collaboration avec le Premier Gouverneur, et la composition de son cabinet. Il souhaitait s'entourer de collaborateurs expérimentés.