Palais Caerbulïn- Siège du Gouvernement Local

Elle fut heureuse de revoir tout sa famille. Les enfants avaient bien grandit et elle commença à songer qu'il faudrait ratifier une loi de succession pour maintenir l'alliance avec les Picaban sans compromettre l'indépendance de la Maison et du Comtat.


Elle invita ensuite Rayal à l'accompagner dans le salon d'été, une petite terrasse aménagée sur le tout du Palais.


Eléonore :


Je suis heureuse de vous retrouver. Cette maladie a été épuisante mais comme vous le voyez, je suis repartie. J'ai vu que vous aviez eu de nouvelles fonctions. Mes félicitations.

Elle fit servir des jus de fruits. L'alcool ne lui était pas conseillé sitôt après une flémingite.


Maréchal et Gouverneur. Voilà des fonctions bien utiles. J'ai plaisir à savoir que vous êtes Gouverneur. Le Roi a prit une bonne décision pour le Comtat et notre famille. Ainsi, nos biens sont protégés.

Elle devint plus sérieuse.


Il va nous falloir nous serrer le coudes, dorénavant. Nous savons tout deux pourquoi ce mariage existe, et avec toute l'amitié que je vous porte, il s'agit de faire respecter le Comtat et Picabie. Et je note que nous ne sommes plus au coeur du pouvoir, que ce sont les autres clans qui décident pour nous. C'est inacceptable.

Pour tout vous dire, je compte reprendre en main le Comtat. Vous avez vu les nominations du jour? 

Elle montra un dossier rouge fermé avec un ruban doré. C'était les décrets de nomination de la Cour Suprême, du poste de Représentant spécial et du Chancelier.


Je n'ai mit en place que des proches, des gens de confiance qui ont fait la guerre avec nous. Binden va mener une liste conservatrice et monarchiste aux élections... Il l'emportera. Je ne veux plus du désordre dans nos pays. Ensuite, on pourra revenir à Micropolia rappeler que nous existons.

Rayal Picaban avait bien saisi.
Un Delfrous aux Louvrières, un Mézénien à la Lenterne.
Picabie et le Comtat était écartés pour l'instant.

- "Esperons que les prochaines élections nous soient favorables.
Nous devons reprendre le leadership au Conseil des Sages. Il faudrait pour cela que vous me nommiez comme representant du Comtat..."

Elle souriat. C'était bien tenté de sa part. Mais c'était impossible.


Eléonore :


Hélas, c'est impossible. La charte m'oblige à nommer le Chancelier au Conseil et Charles de Mère m'y représente déjà. 

Elle marqua une pause.


Toutefois, la question pourrait être étudiée à nouveau. Si la Charte doit être respectée, l'organisation du gouvernement dépend du Chancelier. Et s'il nous est favorable, il pourrait nommer une personne favorable comme Ministre de la Justice et représenter le gouvernement du Comtat au Conseil.

C'est à réflechir.

Elle ouvrit un dossier.


J'aurais aimé avoir votre avis. Comment se porte l'économie en Francovie et en Picabie? J'ai vu que la SCBM se porte bien, que mes affaires aussi. Je dispose d'une force financière plus que considérable mais je ne sais quoi en faire actuellement.

Rayal Picaban commenta :

- "Une Charte cela se change..."

La remarque était déplacée. Lui même savait que les règles d'un Clan ancien comme le Comtat ou Picabie, coutumières ou non sont difficile à changer car elles sont traditionnelles et historiques.
Il enchaîna :

- "L'économie francovare se porte plutot bien en effet. Le pays est devenu une grande puissance économique et même commercial avec le Comité Economique de la Grande Alliance.

La SCBM est toujours le grand conglomérat mais son influence est moins forte qu'avant car il y a désormais des nouveaux concurrents à Mézénas ou au Brindas notamment.
Cependant il reste de loin le deuxième plus grand groupe du pays et l'un des principaux micromondiaux.

Attention cependant car les autres Clans essayent de mettre fin aux monopoles de nos entreprises, ces salauds !"

Eléonore regarda les documents à propos de ses entreprises. On lui annonça la signature de l'accord de vente de la AJA Holding.


Eléonore:


Bien, bien, voyez-vous. Nous avons peut-être perdu en influence mais l'influence, ça s'achète.

Elle regarda le montant de l'accord et ses relevés bancaires.


Sachez que vu le montant du compte bancaire de la Maison, je pourrait décréter dès demain l'indépendance du Comtat et de Picabie sans subir de grave crise financière et alimentaire.

Elle marqua une pause.


En théorie, bien sûr.

Elle prit un document et redevint sérieuse.


L'argent, comme vous le savez, quand ça dort dans des coffres, ça ne sert à rien. Concrètement, j'ai 220.000 R$, 55.000 qui vont arriver d'une vente. Et environ 40.000 à la BCF et 17.000 de prêt au Comtat.

Ce sont des sommes énormes, vous en conviendrez. Et même si je dépense de quoi rénover ce château qui mérite de gros travaux, mes marges restent énormes. J'ai donc pensé à renflouer la Caisse Mutuelle du Comtat pour en faire une vraie caisse d'assurance, si le système FILIN est rénové, et surtout un vrai fond d'investissement capable d'acheter des actions et de faire des prêts.

Mais, vous savez, au regard de la somme que je souhaite engager, je ne peux me permettre de donner les clefs de la Caisse à une seule personne. J'ai foi en votre discernement. J'aimerais vous offrir des parts de la Caisse ainsi qu'un poste de Co-Président.

Rayal Picaban voyait là l'occasion d'augmenter son influence économique.

- "Cela renforcerait les liens de nos familles en plus de notre mariage.
Que cela entraînerait-il concrètement ?"

Eléonore:


Une vraie co-décision sur un fond qui se montrait à 125.000 R$ pour investir, prêter, soutenir la création d'entreprise. Nous devons concurrencer cet Etat Micropolien incapable, bureaucratique.

Rayal Picaban :

- "Cela nous permettrait de garder le pouvoir économique en effet ! Le plus puissant des pouvoirs certainement ..."

Rayal Picaban venait de prendre connaissance du décret du premier ministre sur les préfectures.
Ni Picabie ni le Comtat n'était désormais le siège de ces préfectures, le Gouvernement souhaitant certainement mettre en avant d'autres villes comme Peterhofen et Evrain mais symboliquement cela était très choquant pour le picaban :

- "C'est incroyable ! Nous subissons une politique picabanphobe et comtadophobe ! Mettre les préfectures dans des Clans secondaires, c'est insensé !"

Picaban considérait les Clans par leur Histoire.

- "Je me refuse à croire que Picabie doit se soumettre à Evrain ! 
Et le Comtat aux paysans de Peterhofen !"


Picaban malgré des liens plutot positifs ces derniers temps avec la famille Delfrous continuait de les comparer à des paysans car les Delfrous étaient une lignée secondaire qui s'était greffée à une autre lignée royale ostarienne avant peu à peu de prendre le pouvoir dynastique.

Jacques Coty était dans son bureau. L'ambiance était très studieuse. Il recevait ses conseillers.






Jacques Coty :


Bon, comment ça avance ? La santé tourne enfin, les subventions et les remboursements sont faits. Les impôts commencent à être collectés. Les salaires sont versés.

Bien, j'aimerais qu'on se mette en priorité sur les appels d'offre. Je veux aussi une revue sur l'armement militaire du Comtat, j'aimerais qu'on puisse enfin clore ce dossier avec l'Etat dès qu'un gouvernement sera nommé. Je veux aussi une loi sur la consommation et une loi sur la politique pénale.

Ha et planifiez un rendez-vous avec le PDG de la SCBM. Sa communication d'hier soir était inacceptable. On va trouver une solution à la question des entreprises qu'il veut dissoudre. Surtout que la Ferme Agroalimentaire, ça va nous faire hurler les Elvéotes.

La situation était compliquée pour Coty. L'avis de la Cour Suprême avait été horrible. La mesure principale était totalement censurée. Les Merksistes étaient en train d'hurler, de demander d'urgence une rectification du texte.


Jacques Coty :


Ils nous emmerdent ! C'est eux qui ont tout fait foirer avec leur histoire de monopole ! Je l'avais dit que c'était illégal !

La situation n'allait pas en s'arrangeant. Les Conservateurs attaquaient son plan sur le logement social... Il est vrai qu'il avait vu large, le Comtat étant déjà très doté en logement sociaux et peu en logements individuels. Du côté des Ecolos, nécessaires à la majorité, ils s'agaçaient de voir que le gouvernement ne faisait aucune mesure écologique.


9 jours qu'il était au pouvoir et la situation apparaissait déjà bloquée. Il avait besoin de reprendre le leadership. Il convoqua ses conseillers.


Bon, les amis. Nous nous remettons d'attaque ! Vous lancez le programme d'achat de matériel de police. Non, ne passez pas par l'appel d'offre, on s'en fout. De toute façon, il y a que Lagonda sur le marché.

Je veux immédiatement une loi de sanctuarisation environnementale de la montagne Alréas, du Grand Lac de Nieba et de l'Île au Phare. On abandonne la réforme pénale, c'est trop risqué aujourd'hui.

Vous me contactez la CMRC aussi pour notre projet culturel.

On lui fit remarquer qu'il dépassait largement le cadre budgétaire voté.


On s'en fiche. Tant qu'on dépasse pas de beaucoup, ça passe. L'important, c'est l'action.

Un message arriva par coursier au Palais. Il fut délivré au Chancelier ainsi qu'à l'Impératrice. Le mot était très simple et terrible. Lorsque l'Impératrice le lu, elle fut bouleversée et s'effondra dans un fauteuil, sous le poids de l'émotion.


Le Chancelier De Soignon était blême.


Robert de Soignon :


Prévenez Sa Majesté Le Roi et le Premier Ministre. Immédiatement !

Prévenez aussi Bregen... 


Avant de mettre le papier dans la poche, il le lut une nouvelle fois. Il n'arrivait pas à croire ce mot: "L'Amiral n'est plus". Le plus grand héro du Comtat-Francovin.

- "En effet."

Ces dernières semaines, Rayal s'était concentré dans certains sujets dynastiques.
Il avait pris connaissance de certaines choses du coté de Picabie qui l'avantageait face à son cousin et il comptait certainement en profiter.
Il avait également depuis peu une vision "micromondiale" des choses ce qui n'était pas forcément le cas avant.


L'homme préparait le terrain :

- "Notre fils doit se présenter le plus rapidement possible à Wilhelstaufen. 
La main de l'héritière zollernoise l'y attend."

Le ton n'était pas celui de la recommandation ou de la demande.
C'était quasiment un ordre.
De façon plus ou moins assumée, le couple s'était mis d'accord initialement à l'arrivée des jumeaux sur le fait que chacun contrôlerait plus intensément le destin soit de leur fille pour Eléonore soit de leur fils pour Rayal...
Cela n’empêcha pas Rayal de proposer une seconde chose :


- "Quant à notre fille elle se doit d'épouser l'Autocrate du Brindas. Ce mariage n'est pas forcément celui que j'aurai voulu, j'aurai préféré autre chose qu'un paysan pour elle mais j'ai besoin de me rapprocher encore du Roi."

Le fils de Gontran IV était le très jeune chef du Clan du Brindas mais il n'avait pas la réputation de son Père.
Certains pensaient qu'il était du "mauvais coté" de la dynastie, on racontait souvent que dans la famille Delfrous il y avait souvent soit des êtres exceptionnels à l'image de Gontran ou Romain soit des fous ou des idiots à l'image de Joffrey au Bangana ou Georges Waters en Francovie mais jamais des gens équilibrés. Soit le meilleur soit le pire. 

Mauvais coté ou pas, Rayal avait quoi qu'il arrive une vision négative des Delfrous qu'il jugeait toujours comme une famille de paysan de part son histoire contrairement à la pureté de sa famille. Meme si Gontran lui avait permis d'augmenter son pouvoir en Francovie, il supportait mal de voir cette famille sur le Trone. 
Il ne s'agissait donc qu'un mariage de circonstance ...

Rayal n'avait pas encore regardé le visage de sa femme. Il était de dos regardant la bibliothèque.
Il savait qu'elle n'apprécierait pas mais son choix était fait.
Comme pour lui laisser un semblant de choix il déclara :

- "Ou alors l'Empereur d'Edoran. Ce serait déja mieux pour elle meme si cela me serait moins profitable."

Il se retourna pour voir sa femme.

- "Un des deux, au choix."

Le visage de l'Impératrice avait viré au rouge pendant un instant. Autant laisser son fils épouser, et c'était le droit de Rayal de l'imposer, l'héritière du Zollenberg l'embêtait peu, autant imposer à sa fille d'épouser le chef du Brindas, une famille de paysans, c'était inacceptable.


Eléonore :


Je comprends l'intérêt de nos deux maisons ici. Mais si je peux défendre et autoriser l'alliance avec la maison du Zollenberg, une union avec le Brindas sera fort compliquée.

La loi de succession ne concerne pas seulement moi. Et c'est bien de la loi de succession dont il va être question avec Sandrine. Les barons ne légitimerons jamais une descendance qui nous viendrait du Brindas.


Elle ouvrit un placard pour se servir un verre de vin.


Vous me mettez dans une mauvaise situation avec cette histoire. D'autant qu'un descendant direct de Sandrine d'Auteuil donc de la branche de Saint-Auteuil serait de retour au Comtat et pourrait prétendre au trône.


Elle réfléchit longuement.


Je suis d'accord pour Théo. Pour Sandrine, je suis désolée mais je ne vois pas notre intérêt. En cas de mariage, nous ne serions même pas assurés d'avoir la couronne.

Le prix de cette union sera très très élevé.

Elle sorti une carte de la Francovie et pointa du doigt le Grand Duché de Saint-Auteuil et de Septaine. Elle sorti ensuite un ouvrage, un vieux livre. 


En l'an 233, alors que les Comtadins étaient assiégés depuis plus d'un an, les troupes d'Aedred l'explorateur attaquèrent les forces d'Hubert de Mezzanine. Après des heures de combats entre Aedred et Hubert, Aedred fut vaincu. Il fut enterré et sa tombe sanctifiée par son épouse, la Reine Boadicée. Ce village qui se nommait alors " thaghadh bhaile" fut renommé en... Saint-Auteuil.

Saint-Auteuil est l'une des deux forteresses, l'une des deux capitale de notre peuple. C'est à ce prix que j'accepterais ce mariage.

Elle laissa la carte sur la table. Sa demande, bien que démesurée, ne manquait pas d'intérêt. Une union allant de Picabie jusqu'à Soye-en-Septaine, un immense croissant contrôlé par Picaban et Jullanis, avec les plus grandes richesses du pays. Là, on pourrait parler d'un Empire de l'ouest.

Rayal ne croyait pas en ces rumeurs de retour de la branche des Saint-Auteuil :

- "S'il y a vraiment une descendance de Sandrine d'Auteuil, vous seriez en grand danger et il faudrait...

Il réflechit quelques secondes mais décida quand même de choisir ce mot.

- "éliminer cette menace."

Il la regarda étaler sa carte et viser les régions du sud-ouest de la Francovie.
Sa femme avait de l'ambition, cela lui plaisait, il en avait aussi et une folle qui plus est mais sa femme semblait en avoir une plus folle encore :

- "Vous savez bien que le Conseil des Sages n'acceptera jamais de renégocier le partage des territoires claniques. Cela fait des siècles que cet équilibre n'a pas bougé. 
Je vois en plus mal le Roi accepter de vous laisser autant de territoire à la frontière du Clan de son fils que notre fille doit épouser. 
Surtout que le territoire en question avait été revendiqué par une famille édoranaise il y a peu..."

Spoiler:

Eléonore n'avait pas évoqué le mariage avec l'Empereur d'Edoran. Le parti semblait bien plus plaisant que le dauphin de Francovie. Cela pouvait meme lui permettre de récuperer indirectement les territoires de Septimanie si le Clan en question était relancé avec cette famille édoranaise.


Si l'Empereur d'Edoran faisait en sorte de remettre ce projet au gout du jour, ce Clan pouvait devenir certes un allié d'Eléonore pour ses ambitions territoriales mais aussi de Rayal au Conseil des Sages pour la course au Trone de Francovie...

- "Si le paysan ne vous plait pas, que pensez vous de l'Empereur d'Edoran ?
Elle serait obligé d'adopter l'Etherisme mais à part cela, son conjoint pourrait nous etre précieux."