Bureau du Ministre des Affaires Etrangères et de la Défense

L'ambassadeur était assez dépité de la tournure que prenait la situation. Son mandat n'allait pas être aussi simple et fructueux qu'il l'espérait.

- Bien, Messieurs, dans ce cas je considère que nous sommes toujours en négociation et non en phase de ratification. Nous revenons au point de départ. Je pense que vous recevrez de nouveaux amendements de la part de notre commissaire général à l'Economie et aux Deniers Publics.

Je vous remercie de votre sollicitude pour cette audience aussi rapidement accordée et vous donne rendez-vous dans quelques temps pour rediscuter de ce sujet.

Carl Tissier avait été nommé pour la première fois à un ministère important. Le travail qui l'attendait n'était pas de tout repos mais promettait d'être intéressant.

Le ministre des Affaires étrangères, Carl Tissier, répondit qu'il recevrait l'ambassadeur dès que ce dernier serait disponible.

L'ambassadeur pryan di Tango arriva au ministère.

di Tango : - Bonjour Monsieur le Ministre. Vous souhaitiez me voir?

Le ministre salua l'ambassadeur et l'invita à s'installer dans l'un des fauteuils.

Carl Tissier :

Effectivement, je souhaitais vous voir. Je suppose que vous n'ignorez pas la décision qui a été prise par le Sénat il y a quelques jours.

(Il fit une pause.)

Ainsi je vous demande de quitter le sol de l'État francovar. Vous allez aussi être déclaré persona non grata. Ce n'est pas avec plaisir que je vous annonce cela, monsieur di Tango.

L'Ambassadeur pryan était embarassé. Le manque d'activité diplomatique ne l'avait pas incité à se tenir au courant des débats du sénat francovare.

Di Tango :

- Euh, c'est à dire que....Mais....Je ne comprends pas. Pour quel motif? Quel crime ai-je donc commis? Pourriez vous m'expliquer la cause de cette "décision"? En outre...Etes vous certains de pouvoir faire cela? Les ambassades sont inviolables et leurs ambassadeurs jouissent d'immunités qui ne permettent pas leur expulsion....Bien sûr tout cela se discute, mais j'aimerais comprendre de quoi parle-t-on exactement?

Carl Tissier :

Vous n'avez commis aucun crime, monsieur di Tango. Mais la Francovie désapprouve la politique du président Duvalon et a donc décidé de rappeler son ambassadeur et de vous renvoyer à Kaora.
Le renvoi d'un ambassadeur est tout à fait possible, et votre immunité ne vous protège aucunement de cela. Elle vous protège contre toute sanction judiciaire, or le renvoi ou l'expulsion d'un ambassadeur n'est pas concernée, comme je le disais, par l'immunité.

di Tango :

Mmmmmh. Cela va un peu à l'encontre du fonctionnement des ambassades. Je veux dire par là que je peux partir mais mon Président pourrait vouloir envoyer un nouvel ambassadeur dans notre ambassade et considérant le principe d'inviolabilité des ambassades, il serait compliqué de l'expulser...Je ne suis pas en train de dire que j'irai contre votre volonté, mais vous comprenez que le cadre qui entoure cette "décision" est un peu discutable et en tout cas très léger. Enfin bon, je n'ai aucun intérêt à adopter une posture visant à contredire votre propos mais....le fait est que cette option n'est pas prévue dans notre traité diplomatique...Et prendre une telle décision serait un peu rendre le traité caduque vous comprenez?

Mais....de quoi parlez vous quand vous vous dites en désaccord avec la politique du Président Duvalon? C'est un peu imprécis comme motif...Est-ce l'implication de Prya dans la LEM qui vous gêne? La prochaine réouverture du Musée de Prya? La nouvelle loi sur les sièges sociaux? .... La politique du Président, c'est vaste...J'aimerais pouvoir préciser la chose.

Carl Tissier :
Je ne vois pas en quoi cela va à l'encontre des ambassades. La Francovie a totalement le droit de vous renvoyer à Kaora. La Francovie suspend ses relations diplomatiques avec l'État pryan mais le reconnait toujours, dès lors les ambassadeurs des deux pays sont renvoyés chacun dans leur pays. Le retour d'un autre ambassadeur pryan ne serait pas réellement bien pris par le Président, si vous voyez ce que je veux dire...

Le Sénat et la Francovie manifestent leur opposition, non pas envers la politique intérieure pryanne, qui nous ne concerne pas, mais envers les attaques du président Duvalon envers la Francovie qu'il a tenu au cours des dernières semaines avant le vote du Sénat.

Comme je vous l'ai dit, je n'irai pas contre votre volonté. Je dis juste que cette manière de faire n'est pas prévue dans le traité et le rend donc caduque. Ce que vous souhaitez faire consiste à n'appliquer que la moitié du traité. Disons que je ne trouve pas cela très cohérent...En outre, les ambassades sont inviolables, et selon moi, vous n'avez pas autorité pour renvoyer un ambassadeur mais il s'agit d'une interprétation toute personnelle...Donc pas importante.

Par contre euh....si j'ai bien compris, ce n'est donc pas contre la politique de mon gouvernement que vous prenez cet acte mais contre un homme, Arthur Duvalon notre président. Vous souhaitez rompre notre accord diplomatique à cause d'une histoire d'homme...Avec tout mon respect Monsieur le Ministre...ne trouvez vous pas cela absurde?

Et, de vous à moi, je vous mets au défi de trouver des attaques du Président pryan envers la Francovie....Ces attaques ne sont que des fantasmes émis par ce que vous appelez chez vous les souverainistes, et ce que nous appelons chez nous les extrémistes. Ces attaques ne sont que des affabulations du sénateur de Prat et de ses collègues qui ont juré allégeance à la diplomatie armaréenne qui est anti-pryanne et anti-krasslandaise. Monsieur le Ministre, je vous en conjure, ne vous laissez pas déborder par ces énergumènes. De Prat et sa clique n'ont d'autres intérêts que de lécher le popotin des autorités aramréennes dans l'espoir de concurrencer les économies krasslandaises et pryanne. Tout le montre, leurs déclarations, leurs attaques sans fondements ni arguments.

Encore une fois Monsieur le Ministre, permettez moi de vous demander de quelles attaques précises vous parlez. Vous verrez pas vous même que ces attaques n'existent pas. Des idées, des critiques, oui et c'est légitime de la part d'un Président. Des attaques, jamais. Nous sommes respectueux des institutions des autres nations tant qu'elles ne sont pas armaréennes. Monsieur le Ministre, j'ai bien peur que de Prat et sa clique d'armaréens déguisés vous mènent en bateau... Mais peut être pourriez vous me prouvez le contraire en me précisant ces fameuses attaques?

di Tango n'en croyait pas ses yeux. Sans aucune réponse à ses questions, fut-il ambassadeur, Tissier se leva sans un mot et laissa sa place à un autre homme. di Tango commençait à se demander à quoi rimait ce jeu de chaises musicales qui se déroulait devant lui. La Francovie avait décidément une étrange manière de gérer ses affaires diplomatiques. di Tango "gazouilla" un message sur les réseaux sociaux pryans :
"Suis dans un monde parallèle. Les ministres "kleenex" se succèdent sans réponse, sans politique, sans envergure".

di Tango :
bien, faut il tout reprendre du début ou votre....prédécesseur vous a fait le topo?

Nicolas Mandragore :

Oh, il m'a rapidement décrit la situation. Situation qu'il a mal géré d'ailleurs, enfin bref. Je vais pas y aller par quatre chemin Monsieur Di Tango. Je ne connais pas les détails de votre entretien avec Tissier, mais, je crois savoir que vous lui demandiez les motifs de votre "exclusion". C'est très simple. Le Président Duvalon, formule depuis de longues semaines des critiques virulentes contre la Francovie. Le Sénat n'a pas apprécié cela, et à voter une résolution suspendant les relations diplomatiques avec Prya, pas supprimant. Le Sénat souhaitait donc exprimer son mécontentement devant l'irrespect du Président Duvalon.

Mais, je vous arrête tout de suite. Il ne sert à rien de rentrer dans un long débat pour déterminer clairement pourquoi, citer les critiques ou quoi que ce soit. Le Sénat a voté, et cela doit être appliqué.

di Tango se disait qu'il tenait enfin un vrai interlocuteur. En tout cas, il semblait faire le job.

di Tango :
Et je ne remets pas en cause la décision du Sénat Monsieur le Ministre. Mais comme je l'ai dit à votre prédécesseur, j'ai entendu plusieurs versions. On m'a d'abord dit que c'était à cause de la politique Duvalon...Et puis de politique, on en est venu à des sois disant attaques. J'ai donc fait remarquer que le sénat vote une telle décision pour un problème d'homme. Le sénat francovare vote une remise en cause d'un traité diplomatique car certains sénateurs n'aiment pas Duvalon. On est là Monsieur le Ministre. N'est-ce pas absurde?

En outre, ces attaques sont des affabulations. Des attaques envers Armara, je veux bien et nous sommes même flattés de mettre ces tarés en rogne. Pour ce qui est de la Francovie, votre Sénat vient de céder manifestement à un souverainisme paranoïaque car, je le répète, Monsieur le Ministre, ces attaques n'existent pas.

J'ai tout fait pour éviter la conclusion qui se dessine à présent : la rupture de relations diplomatiques car la Francovie ne supporte pas d'imaginaires critiques d'Arthur Duvalon. Voila ce que l'histoire en retiendra, une rupture diplomatique pour un motif futile mais surtout imaginaire.

Enfin, je n'ai pas l'impression que vous mesurez la conséquence de ce qui se passe. Les relations diplomatiques, ce n'est pas le PMU hein. Prya fait partie de la LEM. Une non reconnaissance diplomatique entrainera des conséquences pour une éventuelle entrée de la Francovie dans la LEM.

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour votre courte écoute. Mais je dois dire que je suis désolé que vous soyez a tel point manipulé par des politicards frustrés et pro-armaréens qui n'ont d'autre but que de tenter d'isoler Prya et le Krassland suite à une crise d'égo de feu leur crétin d'Empereur Horton. C'est limpide...Mais vous ne souhaitez pas voir la vérité.

Nicolas Mandragore :

Ce n'est pas simplement un problème avec un homme, Monsieur Di Tango, c'est un problème avec un Chef d'Etat. Il y a nuance.

Après, vous pensez ce que vous voulez. Je vous remercie de votre compréhension et collaboration.

Le Ministre raccompagna ensuite le pryan à sa voiture.

di Tango salua Mandragore et regagna son véhicule en se disant qu'il n'y avait rien à tirer de souverainistes qui confondaient rhétorique et diplomatie.