Arrivée d'un diplomate avarois

L'ambassadeur avait été reçu poliment mais avec tout de meme un peu de froideur. 
L'initiative avaroise avait été peu appréciée dans le milieu militaire et encore moins chez les politiques (les pacifistes dénonçant la guerre, les nationalistes critiquant le vol de ce territoire sous influence francovare)


Pour l'instant le dossier avait été confié au Deuxième Gouverneur et Consul de Francovie (le délégué direct à la diplomatie royale) Albert De Chambre.
L'ancien président de la Cour Supreme francovare avait été horrifié des exécutions des députés.
Son avis de juriste purement doctrinal avait rejeté les responsabilités certes en partie sur Octave mais aussi sur les députés MRB et MBA qui de fait avaient fait un coup d'Etat. La faute en revenait à la Constitution banganaise dont les imprécisions dûent à d’âpres négociations ne permettaient pas de trancher les conflits de pouvoir. 


Il estimait cependant qu'il s'agissait d'une faute diplomatique et judiciaire d'avoir exécuté aussi rapidement -et dans des conditions plus que critiquables- ses opposants.
Les réactions micromondiales avaient été nombreuses.


Le Consul arriva et avec un visage fermé invita Septime à s’asseoir sur l'un des fauteuils luxueux du palais.




- "Excellence ...
Pardonnez sa majesté Romain VIII occupée comme vous pouvez aisément le comprendre par des circonstances nationales et micromondiales complexes." 


En réalité Romain VIII avait l'habitude de toujours envoyer le Consul de Francovie en première ligne diplomatique. Il recevait des rapports précis des huberts, les huissiers qui courraient partout dans le palais, et apparaissait parfois en milieu de réunion pour prendre en main la rencontre s'il le désirait. Une telle habitude ne devait certainement pas échapper au diplomate avarois. 

- "La Francovie se désole des derniers événements chez notre voisin de l'Ouest. Les executions des députés ne viennent que mettre de l'huile sur le feu ce qui semble bien inutile. Nous apprenons également qu'un de vos navires se rapproche dangereusement du détroit de Bighal ce qui attire la haine de notre voisin -au combien problématique j'en conviens- mézéne. 
Les dernières actions du Roi Octave posent aussi problème chez nos alliés de la Grande Alliance.
Tout cela nous dirige potentiellement vers une guerre micromondiale.
Quel est le sentiment de sa majesté impériale sur ces questions ?"

Ouvert depuis quelques jours déjà, l'intervention militaire en Bangana se jouait autant sur le champ de bataille que dans les salons des ambassades. L'Empereur Edouard IX avait donc activé toute la puissance du réseau diplomatique avarois pour remporter la partie diplomatique. Septime avait une mission des plus importantes sur les épaules, recevant chaque jour des rapports afin de négocier. Il écouta De Chambre avec intérêt puis lui répondit.

- Excellence


Mon Souverain est intervenu en Bangana pour deux raisons : maintenir Octave Ier menacé de destitution, stabiliser les institutions banganaise. Notre objectif premier est rempli : nous sommes en passe de gagner la bataille terrestre. Notre position en Bangana est officialisé par le Traité d'Aide de protection signé par Octave. Puisque vous m'interroger sur le sentiment de Mon Souverain, je dois dire que Sa Majesté comprend mal le positionnement de la Francovie. Le Bangana menaçait de tomber dans l'orbite de la LEM, créant un état potentiellement hostile à vos frontières. Il en effet, est de notoriété publique que la dépendance d'Akilebo va à Kataïn et à Neu Krassburg. Dans ce contexte nous ne comprenons pas votre refus de soutenir Octave, alors qu'il est aujourd'hui - paradoxalement je vous le concède - le plus sûr garant d'une transition démocratique banganaise favorable aux intérêts francovares.

Les revendications avaro-livadiennes sur le Bangana sont limités à ce qui est contenu dans le traité d'aide à la protection. Après la guerre, nous investirons économiquement dans le pays et mèneront une politique active de coopération. Tant que le gouvernement banganais ne touchera pas aux clauses du traité du 21 août, nous ne commettrons pas d'ingérence dans ses affaires. La Francovie sera libre d'agir si elle le souhaite. D'autant plus que, Sa Majesté, une fois la victoire reprise, entend convaincre Octave de s'appuyer sur l'UPB, seule force politique encore viable du pays.

Excellence, j'espère vous convaincre que nos intérêts sont les vôtres. Nos demandes sont simples :
- la reconnaissance du gouvernement d'Octave
- l'ouverture de vos eaux du détroit de Brighal à nos marines et à la marine banganaise.

En échange, nous nous engageons :
- à reconnaître vos prétentions territoriales sur la moitié du détroit de Brighal. Ce n'est pas au juriste que vous êtes que je ferai remarqué qu'aucun texte pour l'heure ne régit les eaux de notre micromonde, ni le statut des détroits et que celui-ci n'est qu'incertain.
- à appuyer la demande de libération des députés encore prisonniers et à favoriser l'arrivée au pouvoir de l'UPB dans le cadre monarchique.

Si vous êtes d'accord tout cela devra être compilé dans un accord écrit, du moins les points qui peuvent faire l'objet d'un traité international.

De Chambre n'était pas personnellement le plus favorable à négocier des changements de régime, surtout non démocratique mais il était pret à faire des sacrifices pour le bien de la Francovie et de la paix.
Cependant les propositions avaroises n'étaient pour l'instant pas très convaincantes pour plusieurs raisons que le Consul de Francovie allait devoir expliquer au représentant du Saint-Empire.


Son visage restait fermé.

- "La Francovie a bien noté les dernières actions d'Akilebo et de ses soutiens pour la plupart francophobes. Cependant cela ne doit pas justifier des actions inqualifiables d'Octave.

Comprenez moi. Je suis prêt à avoir une analyse qui ne soit pas centrée sur les valeurs francovares. Nous défendons la démocratie tandis qu'Avaricum défend l'absolutisme monarchique. Soit. 
Si nous voulons nous entendre et maintenir l'ordre et la paix dans le Micromonde, deux mérites dont Avaricum est reconnu ces dernières années par son activité à l'ONA par exemple, nous devons parvenir à travailler ensemble et à faire des concessions mutuelles.

Nous ne pouvons pas reconnaître le gouvernement d'Octave s'il ne maintient pas une certaine légitimité constitutionnelle.
Pour que le Roi Romain VIII accepte de soutenir Octave, il faudrait au moins qu'il :

• libère les prisonniers politiques 
  
• obtienne l'aval des députés UPB pour le changement de régime 
  
• qu'un référendum surveillé par la commission électorale mise en place par la Constituante valide la nouvelle constitution" 
  

La commission électorale étant aux mains des octaviens et de l'UPB cela voulait dire qu'un simple accord avec l'UPB pouvait suffire si les prisonniers étaient libérés. Mais au moins cela permettait une transition constitutionnelle prévue par la Constituante.


- "Plusieurs députés UPB soignés pour flemingite en Francovie vont mieux et devraient rejoindre Bombasha pour en discuter avec le Roi Octave."


La tete pensante du parti des francophiles Alfred Boneimar allait mieux mais devait rester clouer au lit pour l'instant. Cela ne l’empêchait pas de donner des ordres aux ténors de son parti et de chercher à profiter de la situation ...

- "Concernant le droit de passage de vos vaisseaux, je ne crois pas que le Roi Romain acceptera. Quelque soit vos propositions. Sa majesté a été élue sur des promesses de paix après le règne jugé trop belliqueux de son prédécesseur. Le Roi Romain a annoncé que la Francovie devait rester neutre militairement et donc empêcher coûte que coûte le déclenchement d'une guerre. 

Le passage de vos vaisseaux dans le détroit signifierait la guerre contre Mézénas et le Krassland.
Il est donc impossible d'acceder à votre requete.
Je ne suis même pas certain que si le Roi aurait le pouvoir de le faire. Il subirait les foudres du gouvernement écolo-merksiste qui est de la mouvance pacifique."


Si les arguments étaient véridiques, il existait aussi des pressions des lobbys économiques qui ne voulaient pas de la création d'une base militaro-portuaire à Libreville qui entrerait directement en concurrence avec les ports du nord de la Francovie.

- "Je vous demande solennellement de renoncer à cette demande. Vous l'avez dit vous même vous êtes en train de gagner la bataille terrestre. Faire venir vos vaisseaux ici ne feraient que déclencher une guerre micromondiale au moment où l'UTO a ordonné une mobilisation nationale à ses frontières."

Un serviteur apporta une lettre pour  le Consul de Francovie.

Spoiler:

Albert De Chambre invita le hubert à signifier au Roi qu'il avait pris en compte la demande royale et qu'il ferait en sorte de contacter l'UTO et ses alliés pour tenter de régler ce problème de façon diplomatique et pacifique en profitant du sommet de la LEM.